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Mademoiselle Meuh!
10 mai 2018

Donner la vie ... la troisième première fois!

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Nous avons toujours voulu trois enfants. C'était évident. nous ne pouvions nous arrêter à deux.

 

Mais il m'a fallu plus de temps pour être prête. J'avais besoin de me sentir femme. J'avais besoin d'avoir du temps pour moi.

 

A 22 ans, j'ai commencé le marathon de la maternité. Il a débuté par 22 mois d'attente, de traitements, un insémination artificielle 22 mois plus tard.

J'ai enchaîné ma première grossesse, 14 mois d'allaitement, ma seconde grossesse, 12 mois d'allaitement. 

63 mois.

Oui, j'ai fait le calcul!!

63 mois à me consacrer à ce rôle de maman dont j'ai toujours rêvé.

Mais à la veille de franchir le cap de la trentaine, j'avais besoin de redevenir femme.

 

Et j'ai adoré. Pensé à moi, à ma carrière, passé mon cocnours.

 

Et puis..

 

Et puis ce manque est devenu de plus en plus présent. Il me manquait une personne dans ma famille pour être entière, complète.

 

Papachoupi était prêt depuis longtemps lui! Il n'attendait que ça. Il a été patient, mais il était prêt. Il attendait que je sois prête, sans jamais me mettre la pression. Il fallait que nous soyons prêts tous les deux pour ça fonctionne.

J'ai donc choisi de faire enlever mon stérilet un midi de juin, 4 ans après sa pose. Bousculé par la nouvelle, Papachoupi en a profité pour me demander en mariage! Ca chamboule un homme tout cela!

 

Nous nous y attendions. Nous le savions avant même de commencer. Il nous faudra longtemps pour que le rêve devienne réalité. Et donc 11 mois plus tard, il était temps, je découvre que je suis enceinte. Merveilleuse nouvelle. Nous sommes euphoriques, c'est magique!

Mais la magie va vite tourner au drame pour nous. C'est un échec, l'embryon a cessé d'évoluer. Je suis anéantie ce jour de juillet lorsque je tiens dans mes doigts ce mini sac. Remonter la pente est douloureux. Je n'aurai jamais cru. La grossesse datait de quelques semaines tout juste. Mais c'est tout ce qu'elle représentait qui est dur à digérer.

Le gynéco est pourtant optimiste, les chances pour que ça fonctionne à nouveau très vite sont grandes. il faut garder espoir.

 

Alors on le garde! Mais j'ai peur que cela tourne à l'obssession, comme pour Monkiri. Je tente de ne pas céder à la panique qui m'envahit, mais j'investis tout de même dans des tests d'ovulation. 

Et un matin de novembre, je réveille Papachoupi en furie: "qu'est-ce que tu vois là? Tu le vois le 2ème trait? Il est très très pâle, mais il y est non?"

 

On ne veut pas y croire. Je ne veux pas m'y accrocher, trop peur d'être déçue à nouveau. 

 

Le gynéco veut me voir assez tôt cette fois-ci. Un premier RDV qui est fait vraiment trop tôt puisque rien n'est visible à l'écran. A peine une mini crotte de nez, mais c'est la plus belle crotte de nez au monde.

Mon sentiment est assez étrange, je suis contente et heureuse, mais je ne me l'autorise pas. Ce sentiment va d'ailleurs me gâcher une grande partie de ma grossesse, comme si je devais me protéger d'un malheur.

 

Maintenant que bébé est accroché, et qu'il semble bien aller, je compte bien m'intéresser de près au déroulement de notre rencontre. Je vais donc voir une nouvelle sage-femme: déménagement oblige.

Elle me pose des questions sur moi, cette grossesse, les anciennes, mes accouchements. Et au fur et à mesure de ses questions, je me rends compte que non, ce n'est pas normal d'accoucher comme je l'ai fait. Il existe plein d'autres options. Il existe autant d'options qu'il y a de naissances. 

Cerise sur le gâteau... elle a débuté les accouchements en plateau technique et me le propose. A moi! Le plateau technique! Le suivi! le soutien! L'écoute! Mais c'est TROP beau!

Je dois désormais négocier avec Papachoupi, et ce n'est pas une mince affaire. Il a peur lui aussi. Peur pour ce bébé. Peur pour moi. Peur que quelque chose tourne mal. Et je le comprends. Moi aussi, je ne suis pas aussi sereine que j'en ai l'air. Alors je le traîne à un RDV pour qu'il rencontre Anne. Et malgré une super migraine ce jour-là, il choisit lui aussi de lui faire confiance. 

 

L'aventure commence. Nous sommes heureux.

 

Nous avons vécu un magnifique accompagnement. A chaque RDV, nous évoquons la rencontre, l'accouchement, ce que je souhaite, ce qui se passe dans mon corps, celui de bébé, dans ma tête, le rôle de la sage-femme, la place de Papachoupi -qui lui a beaucoup regretté de se sentir absolument inutile pour les deux premiers. 

 

Alors que la date approche, je rencontre les deux sage-femmes. Elles sont toutes les deux susceptibles d'être présentes le jour J, puisqu'elles montent des gardes. Elles viennent à la maison, histoire de se retrouver le jour J. J'apprends à connaître Marion.

 

J'ai extrêmenent peur. J'ai beaucoup de mal à projeter cet accouchement. J'ai peur d'avoir mal. Je me dis que je prépare cet accouchement, mais que je n'y parviendrais jamais. J'ai peut-être loupé ma chance d'accoucher sans péridurale avec les deux premiers. Beaucoup de sentiments se bousculent. 

 

Mais j'ai une chance inouïe: deux super sage-femmes qui m'épaulent et m'aiguillent.

 

Lors de la préparation à l'accouchement, j'étais la plupart du temps seule avec l'une d'elle. Elles ont chacune pris le temps de m'écouter, m'expliquer et je suis toujours ressortie apaisée.

 

Deux fois.

 

J'ai fait venir Anne deux fois à la maison ... pour rien! Les contractions se déclenchaient, me réveillaient, étaient plutôt sympa en terme d'espacement. Mais dès qu'elle arrivait, plus rien.

 

A 11 jours  du terme, je vois le gynéco qui est le réferent de la maternité s'il m'arrivait quelque chose. Il me laisse 1 semaine, et me donne RDV pour un déclenchement.

 

Je suis catastrophée, déçue, apeurée, perdue, en  colère.... Bref, je ne veux pas être déclenchée.

 

J'appelle Marion à la rescousse, puisque c'est elle qui est de permanence, et ce sera forcément elle qui verra notre bébé naître, Anne étant en vacances.

Elle me propose de l'acuponcture,  3 fois dans la semaine, et si rien ne fonctionne, un décollement des membranes en fin  de semaine.

 

Je la suis. Je lui fais confiance.

 

La séance d'acuponcture est difficile pour moi. Ele me confronte à mes propres peurs, m'oblige à lâcher prise, à me laisser aller... je ne sais pas faire. RDV est toutefois pris pour dans deux jours.

 

12 heures plus tard, je suis cependant debout, réveillée une nouvelle fois par des contractions. Putain, je vais être vannée avant même la naissance de bébé, mes nuits sont hachées, je suis à bout de nerf. Je ne savais pas ce que c'était que de mener une grossesse à terme! La merde!

 

Sauf que cette fois, c'est pas pareil. Cette fois, c'est différent. Cette fois, je souffle plus fort lors des contractions. Cette fois, je ressens plus fort les contractions, sans pour autant qu'elles soient très douloureuses... mais je les sens. Papachoupi est déjà réveillé -il paraît que je soufflais déjà dans mon sommeil depuis minuit, il est 04h00.

Au bout d'une heure, je demande à Papachoupi d'appeler Marion. Je ne sais pas ce qu'elle lui demande, mais je l'entends juste lui répondre: "elle a une sale tête"... Ok! et il me dit qu'elle arrive d'ici 30 / 40 minutes.

A son arrivée, elle me fait un monito -"bébé va bien"- et m'annonce que je suis à 6. Entre temps mon papa est arrivé pour s'occuper des deux grands loulous.

Elle est super rassurante, me parle doucement, m'explique ce qui va se passer. Je n'aurai pas plus mal que pour l'instant, mais la durée peut faire que je trouve les contractions moins supportables. Je suis donc à 6, il y a 45minutes de trajet pour aller à la mater, il y des travaux sur la route ce qui peut allonger le temps, sachant que les matins, les gens vont au boulot, et donc des risques de bouchons. Je prends la décision de partir. Papachoupi va avertir les grands qui voulaient être réveillés si nous devions partir la nuit. Ils se rendorment aussitôt. Je n'ose pas trop aller vers mon père: je ne veux pas qu'il s'inquiète si j'ai une contraction qui m'oblige à respirer fort et à prendre une certaine position. Il reste mon papa, et un papa, ça s'inquiète toujours.

 

Sur le trajet, je suis sur une autre planète. Je parviens à somnoler. Je ne ressens presque aucune contraction.

Nous arrivons à la maternité il est 06:30. Sur le parking, alors que Papachoupi récupère notre valise, la valise d'accouchement de Marion (qu'elle avait discrètement mis dans notre voiture au cas où), je ferme les yeux, respire l'air frais mais qui annonce une magnifique journée d'été, je caresse ce ventre qui sera bientôt vide.

Dans la salle nature, on dirait un petit chat apeuré. Je m'assois sur un fauteuil (apparemment plutôt destiné aux papas), et j'apprivoise cet environnement: le grand matelas en cuir, le ballon, l'écharpe pour se suspendre, la baignoire. Il me faut un temps d'adaptation. Je suis comme étrangère à cet endroit. 

Peu à peu, je me fais au lieu. Il me faut du temps pour me sentir un peu plus à l'aise. J'essaie le ballon... bien trop grand pour moi, je n'y suis pas à l'aise dessus. Marion sait que j'étais bien à la maison, car j'étais nue avec un plaid sur les épaules. Pour me mettre à l'aise, elle me propose un bain. Que je refuse d'abord. Puis la seconde fois j'accepte. Elle me fait couler un super bain. Il est chaud, mais pas trop, il y a beaucoup d'eau, juste assez pour que je m'y sente en sécurité. Elle me connaît, elle nous connaît. Elle sait qu'on a besoin  d'être tous les deux. Alors elle nous laisse entre nous.

Je me détends, me laisse aller. Je perds la notion du temps. On discute un peu avec Papachoupi. Je pense qu'on s'endort un petit moment. On est vraiment hors du temps.

Et puis c'est à ce moment-là, c'est alors que je suis détendue au possible, c'est alors que je m'entendais presque ronfler... c'est alors que j'ai une sensation étrange. Une sensation  indescriptible. Mais mon cerveau me dit "bébé est là, bébé veut sortir". 

J'appelle Papachoupi. Une fois ou deux.

Je tente de lui expliquer ce que j'ai ressenti.

Il part appeler Marion.

Elle arrive. Je veux sortir TOUT DE SUITE. Elle me parle doucement, calmement. Elle me rappelle ce qu'on avait dit en préparation, cette sensation avant la sortie, cette sensation de panique. Je me rassois dans l'eau.

Puis bébé se manifeste à nouveau. Là, je perds tout notion de logique: je veux sortir LA, MAINTENANT, TOUT DE SUITE.

Papachoupi et elle m'accompagnent jusque sur le matelas. J'essais de m'allonger. C'est horrible, j'ai une contraction (une seule!) qui m'interdit cette position! Je m'installe à genoux, mets mes bras autour du cou de Papachoupi. Je suis hors du temps. Mon cerveau n'est qu'instinct, je ne contrôle plus rien. 

La sensation de perte, de panique, de "je n'y parviendrai jamais" est là, elle arrive, elle ne prévient pas. Je pense que je crie "au secours" ou un truc du genre.

Marion m'apaise, me parle doucement. Je dois accepter et laisser bébé sortir.

Ce que je fais.

Et ce sentiment, cette sensation... incroyable. Je sens le corps de mon bébé descendre et la tête sortir. Tout se passe très très vite. Je ne sais pas si c'est plus douloureux qu'étonnant comme sensation. 

 

Mais je suis à nouveau terrifiée. Bébé a la tête en dehors, mais j'ai la trouille de laisser le reste de son petit corps sortir. Marion m'apaise une nouvelle fois, me rassure: bébé va bien, rien ne peut lui arriver. Elle m'expliquera après qu'elle voyait bébé ouvrir la bouche pour crier / respirer, mais les poumons étant enfermés dans mon bassin, aucun son ne sortait!. Je peux prendre le temps d'accepter / de digérer ce qui se passe. Papachoupi est extraordinaire. Il me rassure lui aussi, me parle doucement, me dit que c'est formidable ce que j'ai déjà fait, que je ne dois pas me mettre la pression. 

Et puis, je ferme les yeux et laisse mon bébé glisser en dehors de moi. Cette seconde sensation est beaucoup plus tranquille, moins douloureuse et étrange que la première. Il est environ 08:00.

Je découvre bébé. Mon dieu il est tout bleu mais cette fois, je sais que c'est normal et surtout je sais pourquoi! et.... "je le savais, j'en étais sûre, j'en étais sûre"... c'est une petite fille. Je le répète en boucle "j'en étais sûre". Mon instinct de maman ne m'avait toujours pas trompé cette fois-ci.

Papachoupi aide à m'allonger, avec ma puce dans les bras, le placenta encore en moi, le cordon nous relie toujours.

 

Nous attendons que le placenta se décolle et sorte. Je ne me souviens pas avoir mal lors des contractions et de la sortie. Marion va le laisser à nos côtés pendant tout le peau à peau. 

Je ne me rends pas compte à quel moment elle sort de la salle, je suis sur mon nuage. J'ai flingué le pantalon de Papachoupi qui a du liquide amniotique et du sang sur la cuisse. Tant pis, c'est merveilleux. 

Enfin, on se décide à peser la demoiselle, couper le cordon. Allongée sur moi, elle est tellement douce. Elle bouge énormément, comme dans mon ventre, elle cherche à téter et y parvient parfaitement bien. 

On débrief avec Papachoupi. C'est extraordinaire ce que nous venons de vivre. Je lui dis que le 1/4 heure entre la sortie du bain et la naissance a été intense pour moi... il me corrige: "pas 1/4 d'heure, plutôt 5 minutes!"

 

Décidément, c'est de cette manière dont j'imaginais mon accouchement de rêve. Je l'ai vécu. Papachoupi aussi, même si dans ses rêves à lui, il voyait bébé sortir et l'accompagnait lors de la sortie. 

Marion a tout compris. Elle a su que nous étions proches et que je me reposais sur Papachoupi, que j'avais besoin de lui pour être forte. Elle a compris que j'avais besoin d'être rassurée et orientée, défendre ce que je voulais, et me le rappeler. 

 

Clairement, nous regrettons de ne pas avoir vécu cet accouchement en premier, car c'est comme cela que nous aurions dû vivre l'arrivée de tous nos bébés. Et puis finalement, alors que nous sommes "anti" accouchement à domicile pour tous les risques que cela représente à nos yeux.... et bien finalement on s'est posé la question: et pourquoi pas? Pourquoi nous ne l'avons pas tenté?

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